La culture- résumé- TSTMG

 

 

 I- C’est la culture qui fait de nous des hommes

A- L’humanisation passe par la socialisation

Définition 1 : Culture s’oppose à nature comme acquis s’oppose à inné. La culture serait ce que l’on « ajoute » à la nature.

Etre homme, c’est d’abord faire partie de l’espèce humaine ; il suffirait de naître homme pour être humain par nature (natus=il est né).

Cependant la « nature humaine » est problématique, et ne se laisse pas définir par les seules données biologiques.

Etre humain, ou inhumain, c’est en passer par une socialisation qui transforme le donné brut de l’inné. Cette transformation seule peut faire de nous des hommes. D’où la deuxième définition:

Définition 2

Cultiver son champ : transformer pour faire porter de meilleurs fruits.

La culture c’est alors l’éducation que l’on reçoit, grâce à laquelle on cultive son esprit, on développe des aptitudes et des qualités en acquérant des connaissances et des savoir-faire.

L’anthropologue Lucien Malson, dans ses travaux sur les enfants sauvages, reprenant des observations effectuées au 19ème par le Docteur Itard, souligne combien l’absence d’éducation humaine empêche tout devenir humain.

Voir des extraits de L’enfant sauvage, film de François Truffaut

B- La nature de l’homme est inachevée

Nature et culture sont donc dès la naissance  inextricablement mêlées en l’homme. L’homme ne s’achève qu’en s’imprégnant de culture.

Comme le montre Maurice Merleau-Ponty, dans Phénoménologie de la perception:

Tous les comportements humains, même les plus « naturels », sont marqués par la culture.  Tout comme le langage, chaque comportement est conventionnel, institué. Il n’y a aucun comportement qui soit seulement culturel, ni aucun comportement qui soit seulement naturel: même pleurer est un comportement mis en forme socialement.

C- La culture est le propre de l’homme

La nature et l’instinct ne déterminent pour l’homme ni les moyens (outils, techniques), ni les fins (buts de la vie, valeurs). L’homme n’est pas borné dans ses savoirs ; il peut transmettre ses savoirs aux générations suivantes. Le savoir s’étend, se réforme et se transforme au fil du temps.

L’homme est un être non déterminé par la nature (il n’a pas d’essence, dit Sartre), c’est un être libre.

 

II- Cependant la culture peut échouer à faire de nous des humains

 

A- La culture est ambivalente

L’humanité se développe et progresse au fil de son histoire, contrairement aux animaux.

On parle de la PERFECTIBILITE des hommes: l’homme peut se perfectionner infiniment.

Mais Rousseau précise que cette perfectibilité peut entraîner l’humanité vers le vice, l’inégalité et la tyrannie.

Ici l’homme civilisé est peut-être plus injuste, plus inégalitaire, plus immoral que l’homme soi-disant sauvage.

B- Distinguer culture et civilisation

La civilisation apparaît davantage comme un facteur oppressant et comme un argument pour justifier l’oppression. La « bonne culture » ou civilisation, n’est souvent que le masque que prend le conformisme social, et la justification de l’oppresseur contre l’opprimé (Marx). La civilisation, c’est cette bienséance hypocrite des « bonnes manières »qui autorise tous les débordements (maisons closes, violences conjugales, sexisme, colonialisme….).

C- Ethnocentrisme et barbarie

Définition 3 : Culture au sens social/ethnique

Le mot culture, appliqué à un groupe social constitué, désigne un ensemble de coutumes, croyances, institutions, qui portent la marque de l’histoire de ce groupe. Ainsi les différentes langues sont indissociablement liées à l’histoire, aux croyances, à la façon de vivre particulière des groupes considérés.

Ex : les inuits possèdent plusieurs dizaines de mots pour désigner les nuances de blanc de la neige.

 

 

Ethnocentrisme: On nomme ethnocentrisme l’attitude de celui qui juge les faits culturels étrangers à partir des normes qui définissent ses propres coutumes, et à les exclure de l’humanité.

En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares» de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie ». Claude Lévi-Strauss,  Race et histoire

Levi-Strauss: « Le barbare, c’est celui qui croit à la barbarie » Autrement dit: L’homme sans culture véritable, c’est celui qui croit à la barbarie.

On peut penser que l’ethnocentrisme est le résultat d’un manque de vraie culture, culture au sens humaniste, que nous allons définir tout à l’heure. C’est donc le raciste, le xénophobe qui est l’homme sans culture.

III- Culture véritable et humanisme

A- Le relativisme culturel selon Levi-Strauss

Levi-Strauss dénonce l’ethnocentrisme et prône le relativisme par les arguments suivants:

1) Tous les hommes ont une culture :

Il existe une constante anthropologique selon Levi Strauss : l’interdit de l’inceste.

Selon lui, toutes les communautés humaines structurent leurs liens de parenté sur cette « base » symbolique, qui est la première institution.

Quelles que soient les formes prises par les diverses cultures, elles s’instituent sur une base culturelle commune, et elles la déclinent chacune à sa façon. On peut constater que les différentes langues et les différents cultes possèdent tous des subtilités et un raffinement extrême.

Quoi qu’il en soit il n’existe pas d’homme sans appartenance culturelle, ce qui implique langage, croyances, institutions, coutumes très complexes, conception du monde.

2) Relativisme culturel: Chaque culture doit être jugée selon des critères qui lui sont propres 

Le relativisme culturel c’est chercher à comprendre un ensemble culturel à partir de ses propres critères et de sa logique interne. On ne peut pas juger la culture des autres à partir de critères qui nous sont propres.

B-  La vraie culture est ce qui nous élève : culture au sens humaniste

Nous venons de voir que la culture est commune à tous les groupes humains. Mais si parmi ces groupes certains ne sont pas capables de relativiser et tombent dans l’ethnocentrisme, on peut leur reprocher de manquer… de culture, c’est à dire de connaissances, ce qui leur aurai permis de se décentrer.

La véritable culture au sens humanisme n’est pas celle qui nous distingue mais celle qui nous élève, qui nous ouvre l’esprit.

Quelle distinction peut-on faire entre dressage et éducation ?

Culture et éducation  comportent un « idéal » auquel on se réfère, une élévation. On éduque non seulement en vue d’une bonne insertion sociale et d’une réussite personnelle, mais on éduque un enfant en fonction d’une certaine idée de l’homme. En éduquant l’enfant,  on l’édifie, comme on édifie (construction) une maison.

La culture ne doit donc pas être un dressage.  Le but de la culture, c’est alors de manifester notre liberté

Ainsi, comme le dit l’humaniste Erasme, « on ne naît pas homme, on le devient ». C’est par l’éducation et les « humanités » (littérature, philosophie, droit, histoire…) que l’on devient humain, et que l’on s’ouvre à l’autre. La culture nous permet alors d’adopter un point de vue universaliste.

C- Universalisme et droits des hommes

 

Tous les hommes sont égaux en dignité. Ils ont également droit au respect.  On peut donc affirmer l’égalité de droit de tous les hommes, et leur droit égal à disposer de leur corps et de leur esprit comme bon leur semble.

Les Déclarations internationales des droits de l’homme (la dernière date de 1948) sont des tentatives pour élaborer une base commune de droits égaux garantissant pour tous l’exercice de leur arbitre et leur droit au bonheur.

Dès lors toutes les pratiques culturelles ne sont peut-être pas également légitimes, non pas parce qu’elles ne correspondent pas aux normes de la culture dominante, mais parce qu’elles sont parfois contraires aux droits élémentaires des personnes. Cela reste cependant difficile à établir de l’extérieur, et il faut sans doute se fier à des commissions éthiques internationales (Human Rights Watch ou Amnesty internationale par exemple) pour surveiller les abus et les dérives de certaines pratiques. La coutume  n’excuse pas tout.

Conclusion: L’homme sans culture existe, c’est celui qui ne s’interroge jamais sur sa culture, qui se croît civilisé, qui  croit que ses normes culturelles sont naturelles, qui confond culture et norme. En dernière analyse, se cultiver désigne cet acte par lequel on se libère des bornes étroites du conformisme dans lequel on est né, pour s’ouvrir aux autres.

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